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Le musée d’Orsay possède un ensemble
complet des 14 clichés qui, mis bout à bout, forment un panorama à
360 degrés, réalisés à partir de la tour Malakoff en Crimée, point
clé de la défense de la ville. A partir du mois d’août 1860, le
Panorama de Sébastopol, peint d’après ces clichés, est installé dans
une rotonde construite par Gabriel Davioud au rond-point des
Champs-Elysées, à Paris. Il recevra 397 000 visiteurs avant d’être
remplacé, en 1865, par le Panorama de Solferino, peint également par
Langlois. Il n’en reste aujourd’hui que des esquisses conservées au
musée des Beaux-Arts de Caen.
Au cours des années 1850, soit une
quinzaine d’années après son invention, la photographie fait son
entrée dans le monde des champs de bataille. Au début de l’année
1855, la reine Victoria envoie le photographe Roger Fenton effectuer
un reportage sur la Guerre de Crimée, afin de contrecarrer l’image
négative qu’en transmet la presse britannique. Lorsque Fenton arrive
à Sébastopol, au mois de mars, la ville, défendue par les Russes,
est assiégée depuis plusieurs mois par les Alliés - Français,
Anglais et Turcs. Pour la première fois le peintre va remplacer les
traditionnelles esquisses dessinées par des clichés photographiques.
Tant en raison d’impératifs techniques
que pour des motifs idéologiques, les images qu’il rassemble dans
son album Incidents of Camp Life évitent la violence des combats au
profit des portraits des belligérants et des scènes de la vie au
camp. Fenton quitte la Crimée le 26 juin 1855.
Fenton quitte la Crimée le 26 juin 1855.
Peu après, James Robertson, un autre britannique, débarque à son
tour. Sébastopol assiégée tombe finalement en septembre et Robertson
a le privilège de pouvoir entrer dans la ville pour y photographier
les batteries abandonnées et les bâtiments avant leur destruction
par les Alliés. Côté français Jean-Charles Langlois, peintre
d’histoire spécialisé dans les panoramas, se rend sur les lieux en
compagnie d’un jeune photographe, Léon Eugène Méhédin. Pour la
première fois le peintre va remplacer les traditionnelles esquisses
dessinées par des clichés photographiques. Les deux hommes souffrent
d’un hiver rigoureux et doivent prendre de vitesse les démolisseurs,
mais le Panorama de Sébastopol sera finalement présenté au public en
1860, dans une rotonde construite par Gabriel Davioud au rond point
des Champs Elysées.
CRIMEE : LA VIOLENCE
OCCULTEE
La guerre de Crimée oppose à partir
d’octobre 1853 la Russie à l’Empire ottoman, puis à la France et à
l’Angleterre qui s’engagent quelques mois plus tard aux côtés des
Turcs. L’essentiel des combats se concentre rapidement autour de la
ville de Sébastopol, assiégée par les alliés et défendue par les
Russes. La reine Victoria, soucieuse de contrer l’image négative du
conflit véhiculée par le correspondant du Times, William Russell,
décide d’envoyer un photographe proche de la famille royale, Roger
Fenton, afin qu’il réalise des images susceptibles de faire évoluer
l’opinion publique britannique.
Financé par l’éditeur Thomas Agnew,
Roger Fenton, accompagné de Marcus Sparling, arrive à Sébastopol en
mars 1855, plusieurs mois après le début du siège de la ville. Tant
pour des impératifs techniques - la durée relativement longue des
temps de pose - que pour des motifs idéologiques, Fenton ne réalise
pas d’images montrant directement les combats, leur violence, leurs
victimes, mais plutôt des champs de bataille avant ou après
l’action. La saison avançant, la température augmente et le
collodion sèche trop vite. Fenton ne peut dès lors travailler que
très tôt le matin. Il fait poser les chefs des différentes armées
pour réaliser leur portrait, s’attachant tout particulièrement à
montrer la diversité ethnique des troupes alliées. Ce sont
essentiellement ces portraits et des « scènes de genre
militaires » : chef haranguant ses troupes, hommes au
repos, préparation des repas... qui composent l’album Incidents of
Camp Life dont plusieurs planches sont présentées dans cette salle.
Fenton quitte Sébastopol après l’échec d’une nouvelle tentative
d’entrée des alliés dans la ville, juste à temps pour échapper à une
épidémie de choléra qui fit de nombreuses victimes. Dès son retour à
Londres, ses clichés font l’objet d’expositions et rencontrent un
grand succès.
LE PANORAMA DE
SEBASTOPOL
Napoléon III, séduit par les clichés de
Fenton apportés à Paris par la reine Victoria à l’occasion de
l’Exposition universelle de 1855, décide d’envoyer à son tour des
photographes en Crimée. Jean-Charles Langlois, peintre d’histoire
spécialisé dans les panoramas glorifiant les victoires militaires
françaises, s’embarque avec Louis-Eugène Méhédin, jeune photographe
formé aux côtés de Gustave Le Gray. Lorsqu’ils arrivent à
Sébastopol, à la mi-novembre 1855, le siège a pris fin et les deux
hommes, comme l’Anglais James Robertson arrivé peu avant eux,
peuvent entrer dans la ville pour photographier les batteries
abandonnées et les bâtiments avant leur destruction par les troupes
alliées. L’objectif de Langlois est de remplacer par des clichés les
esquisses qui lui servent habituellement de point de départ pour ses
panoramas. Le séjour de Langlois et Méhédin est rendu pénible par la
rudesse de l’hiver et par la mauvaise entente qui règne entre eux,
tension aggravée par l’urgence de réaliser leurs clichés avant la
destruction des installations.
Le musée d’Orsay possède un ensemble
complet des 14 clichés qui, mis bout à bout, forment un panorama à
360 degrés, réalisés à partir de la tour Malakoff, point clé de la
défense de la ville. A partir du mois d’août 1860, le Panorama de
Sébastopol, peint d’après ces clichés, est installé dans une rotonde
construite par Gabriel Davioud au rond-point des Champs-Elysées, à
Paris. Il recevra 397 000 visiteurs avant d’être remplacé, en 1865,
par le Panorama de Solferino, peint également par Langlois. Il n’en
reste aujourd’hui que des esquisses conservées au musée des
Beaux-Arts de Caen. A l’occasion du 50e anniversaire du siège, en
1905, un musée a été construit à Sébastopol pour recevoir un nouveau
panorama, réalisé par le peintre russe Franz Alekseevich Rubo.
La nature des images rapportées par les
photographes est pour une bonne part conditionnée par l’évolution
des techniques. Ainsi, lors de la guerre de Crimée, la lourdeur et
l’encombrement du matériel nécessaire à l’usage des négatifs verre
au collodion humide, la longueur relative du temps de pose - de
l’ordre de quelques dizaines de seconde , ne permettent pas au
photographe de se rendre au cœur des batailles et d’en saisir
l’intensité. Soixante ans plus tard, durant la Première Guerre
mondiale, il est devenu possible de prendre des instantanés, la
photographie aérienne fait son apparition, nombre de soldats
possèdent des appareils légers et faciles à manier qui leur
permettent de fixer leurs propres souvenirs tandis que les procédés
couleur font une timide entrée avec les autochromes.
LES ŒUVRES EXPOSÉES -
GUERRE DE CRIMÉE
ROGER FENTON (Crimble
Hall, Lancashire, Royaume-Uni,1819 - Londres, Royaume-Uni,
1869) :
General Bosquet and Staff Cantinière Group of Croat Chiefs Cooking house of the Eight Hussars Lieut. Col. Brownrigg & The Russian Boys
Lieut. Col. Shadforth and Officers of the 57th
L’Entente cordiale Officers and men of the 8th Hussars Genl. Bosquet & Capt. Dampierre Zouave 2nd Division (Portrait de Roger Fenton
par son assistant Marcus Sparling) Ismaïl Pacha & Attendants Group at Head Quarters : Lord
Burgleish ; Aide de Camp ; Col. Vigo ; Lord
Raglan ; Pélissier ; Spahi, Aide de Camp Discussion between two Croats The Sanitary Commission, Dr. Sutherland, Robert
Rawlinson, Esq. Group of Montenegrins planches de l’album Incidents of Camp Life,
édité par Thomas Agnew and Sons, 1856 épreuves sur papier salé à partir de négatifs
verre au collodion humide
JAMES ROBERTSON
(Middlesex,1813 - Japon, 1888) :
Le Télégraphe au sommet de Malakoff Panorama de Sébastopol pris depuis
Malakoff : le faubourg de Karabelnaïa, la rade et le port, les
casernes, la ville haute planches de l’album Souvenirs d’Orient,
1855-1856 épreuves sur papier salé à partir de négatifs
verre
JEAN-CHARLES LANGLOIS
(Beaumont-en-Auge, Calvados, France, 1789 - Paris, France, 1870),
LEON-EUGENE MEHEDIN (L’Aigle, Orne, France, 1828 - Bonsecours,
Seine-Maritime, France, 1905), FREDERIC MARTENS (Venise, Italie,
1806 - Paris, France, 1885) :
Panorama de Sébastopol pris de la tour
Malakoff, 1855 quatorze épreuves sur papier salé légèrement
albuminé à partir de négatifs papier La Tour Malakoff, 1855 Le Bastion central, fossé Est, 1855 Batterie et logements près de Malakoff, 1855
Ruine d’un dock à Sébastopol, 1855 épreuves sur papier salé légèrement albuminé à
partir de négatifs papier.
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